Compléments

Maurice Strong:

Maurice Strong  « se déclare lui même être un socialiste qui parvient à parlementer ses talents en vue de pousser un type de gouvernement global collectiviste » écrit de lui Claudia Rosett, de la Fondation pour la défense des démocraties[i]. Cette enquêtrice suit de prêt depuis des années les agissements de M. Strong qui finit par lui avouer qu’il possède quelques millions de dollars et elle ose écrire qu’il faut se demander si le parrain du protocole de Kyoto est au service du bien public ou un profiteur. Quoi qu’il en soit Strong ne cache pas que son objectif est d’imposer une approche collectiviste du monde. Il écrit en 1991 que « la destruction de l’environnement résulte de notre comportement économique, et seule une modification de ce comportement, au niveau individuel et au niveau des gouvernements et de l’industrie sera en mesure de renverser la situation »[ii]. Pour lui le choc entre modernes et fondamentalistes est enraciné profondément dans des dimensions séculières et religieuses, qui vont produire une nouvelle génération de conflits et de turbulances[iii].. Le débat est donc religieux. Nous devons donc savoir si la croissance proposée par le judéo-christianisme est aussi mauvaise que d’aucuns ne le prétendent.


Réflexion relative au mariage de l’homme et de la femme. 
Il est nécessaire de rappeler ou de dire pour ceux qui devaient encore l’ignorer que le mot « homme » ne désigne pas le mâle, mais le couple humain. Littéralement la Bible dit « il le créa homme-femme », dans une totale égalité, totale complémentarité, et totale union. Le mariage n’est pas donné uniquement pour combler la solitude de l’homme, mais pour que l’homme soit capable d’achever la tâche de “cultiver le jardin”, de dominer la terre que Dieu lui a donné. Après qu’il ait demandé à l’homme de garder le jardin, le Seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui sera son vis–à–vis (Genèse 2:18). Il a besoin d’une aide, c’est dire que le mâle ne peut cultiver et garder seul ce jardin. La tâche est non seulement trop grande pour lui, mais il a aussi besoin de la femme qui possède d’autres attributs nécessaires à la bonne gestion du jardin. Nous avons ici une expression de la dignité de la femme précise et belle. La femme est co-gardienne. Cette dignité que la Bible reconnait à la femme n’a peut-être pas toujours été reconnue par certains hommes d’églises, mais ici et ailleurs dans l’Ecriture Sainte, il n’y a jamais d’ambigüité sur l’égale dignité entre femme et homme.

Les animaux

Les animaux jouissaient d’une place importante dans l’Ancien Testament ; les traditions pharisaïques relatives au sabbat allaitent jusqu’à accorder une plus grande valeur aux animaux qu’aux personnes dans les besoins, aboutissant ainsi à une corruption de l’objectif initial de la célébration du jour du sabbat. L’Evangile de Saint Luc au chapitre 13 nous rapporte l’histoire de la délivrance d’une femme un jour de sabbat par Jésus-Christ ; celui-ci se fait rabrouer par les chefs religieux. Le Christ doit leur répondre : hypocrites, chacun de vous, pendant le sabbat, ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la mangeoire pour le mener boire ? (Luc 13:15). Ceci explique bien que rien dans l’écriture n’interdisait de donner à boire à un bœuf le jour du sabbat et que de plus ce principe était bien mis en œuvre. Les animaux n’avaient pas à souffrir des rites religieux imposés aux hommes. De nouveau cet épisode montre combien tout est question d’équilibre et de bon sens.

Le projet grand singe (l’abréviation anglaise est GAP)
Porté par le philosophe utilitariste Peter Singer, le GAP s'évertue depuis des années à présenter le bonobo comme un animal quasi humain. Le Centre Protestant pour la Dignité Humaine (CPDH) explique que « l'intention est que soit reconnus le « droit à la vie » et « la liberté individuelle » des grands singes et que l'on ne puisse pratiquer des actes de torture sur eux. Sous des intentions louables ne se dissimule-t-il pas une autre conception de la vie et de l'univers ? La quasi reconnaissance d'une personnalité juridique avec des droits à des animaux par un Etat est une première et n'est pas sans inquiéter : il y a là une redéfinition de l'homme. Une nouvelle anthropologie juridique incluant l'animal n'est-elle pas le signe d'une confusion morale nourrie par une certaine sensiblerie, caricature de la sensibilité naturelle face au monde animal ? » . La pression est mise sur le gouvernement espagnol pour qu’il reconnaisse cette dignité aux grands singes, car le but de l’école de pensée antispéciste est bien de réclamer des droits pour les animaux. Ils ont même envisagé d’aller devant la Cour européenne des droits de l’homme pour leur cause. Même si cela n’est peut-être qu’une provocation vouée à l'échec, mais comme les environnementalistes dont ils font partie, les antispécistes harcèlent l'opinion publique, le politique et la justice pour faire avancer leur cause. Ils savent que dans un monde où la quête de sens provient du rejet des repères et des valeurs judéo-chrétiennes, ce genre d’idée répétée et médiatisée finira par s’imposer auprès de certains et que d’autres pour paraître politiquement corrects courberont l’échine même s’ils n’en sont pas totalement convaincus. C’est la tactique qui a été employée pour faire adopter certaines politiques en rupture avec le judéo-christianisme.

Le respect des animaux
En Orient, certains croient que si la viande contient de d’adrénaline elle a un effet aphrodisiaque et en particulier provoque une prolongation de l’érection masculine . C’est la raison pour laquelle dans un certain nombre de pays asiatiques (Corée, Chine, Vietnam, Philippines) des animaux, en particulier les chiens, sont torturés avec des techniques variées : décharge électrique, brûlage à vif, écorchage vivant, pendaison, strangulation, cuisson à l’eau bouillante de l’animal vivant. Des photos et des films horribles sont disponibles sur Internet. Le tout pour produire de l’adrénaline qui va satisfaire l’égo de quelques hommes !... Ces souffrances sont inadmissibles même pour quelqu’un qui n’est pas végétarien ou ami des animaux. On n’a pas encore entendu des opposants du judéo-christianisme dire que les orientaux devraient faire ce que la Bible recommande en matière de traitement des animaux.
Nous devons aussi nous démarquer de certaines thèses éthiques trop extrêmes : ainsi, avec le théologien Denis Müller  nous pouvons dire que l'admiration que nous pouvons porter au Dr Albert Schweitzer, ce protestant remarquable, ne justifie pas, que nous partagions son interprétation absolutiste et radicale du « respect de la vie » . Schweitzer prétend que la grande erreur de toutes les morales a été de ne s’occuper que des relations entre les hommes et il laisse ainsi entendre que l’écologie est un problème d’ordre moral que l’homme n’a pas encore perçu. Cela va conduire l’Alsacien à devenir panthéiste à la fin de sa vie, et son insistante sur le « respect de la vie » signifie que pour lui, tout ce qui existe est d’une seule et même essence . Pour ce Prix Nobel de la Paix il n’y a aucune distinction entre par exemple un insecte et un éléphant, tous les deux expriment tout autant la sacralité de la vie ; il fait le même parallèle pour le monde végétal où pour lui la feuille a autant de valeur que l’arbre. Mais alors comment expliquer que dans la nature, l’éléphant déracine des arbres qui à leur tour sont détruits par des insectes ? Devant ce constat contredisant sa thèse, Denis Müller explique que l’idéaliste qu’est Albert Schweitzer est obligé de vivre dans un endroit « idéal » comme Lambaréné où il mourra.

Le christianisme est révolutionnaire.
Jacques Ellul montre dans son ouvrage « La subversion du christianisme »  que le christianisme est révolutionnaire. Son éditeur, Jean-Claude Guillebaud qualifie ce livre de « le plus magnifique à mes yeux ». Ellul se pose d’ailleurs dés la première page de ce livre une question fondamentale « Comment se fait-il que le développement de la société chrétienne et de l’Eglise ait donné naissance à une société, à une civilisation, à une culture en tout inverses de ce que nous lisons dans la Bible. […] Si bien que d’une part on a accusé le christianisme de tout un ensemble de fautes, de crimes, de mensonges qui ne sont en rien contenus, nulle part, dans le texte et l’inspiration d’origine, et d’autre part on a modelé progressivement, réinterprété la Révélation sur la pratique qu’en avait la Chrétienté et l’Eglise. Les critiques n’ont voulu considérer que cette pratique, cette réalité concrète, se refusant absolument à se référer à la vérité de ce qui est dit. Or, il n’y a pas seulement dérive, il y a contradiction radicale, essentielle, donc véritable subversion ».
En tant qu’italien je me dois de citer un grand penseur italien, Benedetto Croce , qui a précédé Jacques Ellul sur la qualification du caractère révolutionnaire du christianisme, il va même jusqu’à démontrer «pourquoi nous ne pouvons pas ne pas nous dire chrétien » . Si Croce est resté toute sa vie sceptique à l'égard de la religion, l'idée chrétienne de la valeur infinie de la personne humaine et de la vie intérieure était profondément ancrée en lui et on ne doit donc pas être surpris qu’il estime que celui qui comprend le message biblique d’amour, de non violence, ne peut faire autre chose que d’adhérer aux valeurs du christianisme, même s’il se méfie des structures religieuses ou s’il est comme lui non croyant. Son texte publié en 1942 a pour but d’expliquer d’un point de vue libéral, la base chrétienne des sociétés libres. Il écrit  que « le christianisme a été la plus grande révolution que l’humanité ait accomplie, si grande, si holistique et profonde, si féconde de congruité, si inattendue et irrésistible dans sa mise en œuvre, qu’il n’est pas étonnant qu’elle puisse apparaître ou encore apparaître comme un miracle, une révélation d’en haut, une intervention directe de Dieu dans les choses humaines, qui ont reçu de lui les lois et les instructions absolument nouvelles. …Toutes les autres révolutions, toutes les grandes découvertes qui sont des marqueurs de l’histoire de l’humanité, ne tiennent pas la comparaison, en paraissant par rapport à elle particulières et limitées. » Face à ce texte Silvio Berlusconi écrit que ce n’est pas un accident si les mouvements révolutionnaires qui se proclament être antichrétiens, des Jacobins aux Bolcheviks n’ont pas conduits à une plus grande liberté mais à l’inverse . D’ailleurs, la Révolution Américaine qui était libérale par excellence, était fortement imprégnée de valeurs chrétiennes, qui étaient appliquées jusque dans la gestion des affaires publiques.
Plus récemment, le philosophe italien Marcello Pera a écrit un livre dont le titre rappelle le message de Benedetto Croce : « Pourquoi devons nous nous dire chrétiens. Le libéralisme, l’Europe et l’éthique » . Cet ancien président du Sénat italien montre que le libéralisme perd sa base et se détruit lui-même s'il abandonne son fondement qui est chrétien. Il se réfère également à Kant pour lequel il est “moralement nécessaire admettre l’existence de Dieu et vivre comme si Dieu existe. Pera rappelle que pour Kant l’espoir commence seulement par la religion. Les lois ne sont pas suffisantes, il faut les accompagner par des attitudes “chrétiennes” qui se traduisent en actes civiques et éthiques.
Jürgen Habermas, un intellectuel allemand influent, ancien membre de l’école philosophique Marxiste de Frankfurt et qui se décrivait lui-même comme étant un athée méthodique, a révisé ses vues sur le fait qu’inévitablement la modernisation conduit à la sécularisation. Dans son livre Temps de transition  il déclare que le christianisme est le fondement des valeurs occidentales : « le christianisme, et rien d’autre, est le fondement ultime de la liberté, de la conscience, de droits de l’homme, de la démocratie, de la civilisation occidentale. A ce jour, nous n’avons aucune autre option [que le christianisme]. Nous continuons à nous nourrir de cette source. Tout le reste n’est que postmodernisme ».
En marge d’une réunion d’élus chrétiens au Parlement européen, Georgina Dufoix, ministre de la santé de François Mitterrand, me disait quelle est la richesse de l’héritage chrétien que nous possédons et qu’hélas nous ne savons pas valoriser . Elle regrettait que nos contemporains ont oublié ou n’ont jamais su que la base de la devise française liberté, égalité, fraternité n’est pas d’origine maçonnique, mais est éminemment chrétienne, et combien la démocratie doit aux valeurs judéo-chrétiennes . C’est pourquoi Guillebaud écrit très justement que les français notamment sont ignares de ce que le christianisme a porté aux valeurs qui nous sont si chères : « le discours français ordinaire porte l’empreinte de cet athéisme combatif qui pense incarner à lui seul l’émancipation. Il paraît évident à la plupart des Français progressistes que les valeurs démocratiques ont été arrachées par la réflexion, et quelquefois par les armes, à ce que nous appelons l’obscurantisme judéo-chrétien ou l’autoritarisme clérical ». C’est une attitude toute française et belge francophone ; aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie il n’en est pas ainsi puisqu’on y reconnait que les valeurs judéo-chrétiennes sont le fondement de leurs sociétés démocratiques. La laïcité positive prônée par Nicolas Sarkozy s’inscrit dans ce rétablissement de la vérité. Je suis persuadé que si les environnementalistes connaissaient mieux le vrai contenu du message judéo-chrétien, en particulier message d’amour envers le prochain et du respect sur la nature, ils auraient une attitude bienveillante avec les croyants et les inviteraient, les presseraient même, à mettre en œuvre ce que leur Dieu leur dit plutôt que de se tourner vers des méthodes qui conduiront à des désillusions. 
Sur un autre plan, notons que si nos valeurs sont uniquement humanistes comme on essaye de le dire, de le faire croire jusqu’à présent, il ne peut y avoir de dialogue avec l’Islam, car les musulmans vont nous rétorquer qu’ils n’ont pas à discuter de valeurs créées par les hommes, car eux se basent sur des valeurs transmisses par Allah. Il faudrait que l’on comprenne que le dialogue interculturel va passer, va exiger la reconnaissance que nos valeurs sont nées du judéo-christianisme.


Le  Vatican producteur d'énergie renouvelable
Comme tout ceux qui désirent se montrer respectueux de l'environnement, le Vatican a recourt à la production d'électricité verte. L'idée de recourir au solaire photovoltaïque dans la cité du Vatican avait été lancée en 2002, sous l'égide de Jean-Paul II. Depuis novembre 2008 ce ne sont pas moins de 2 394 modules solaires qui trônent gracieusement au-dessus de la salle dans laquelle le pape tient ses audiences et située juste à côté de la cathédrale Saint-Pierre. Les panneaux solaires d'une puissance globale de 221,6 kW évitent le rejet de 225 tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Evidement, aussi comme tout le monde, le Vatican ne peut se permettre des dépenses extravagantes pour cette forme d’énergie encore très chère. Ce sont les constructeurs SolarWorld à Freiberg en Saxe et SMA Solar Technology qui ont offert cette installation. Tout le monde est gagnant : les constructeurs qui réussissent un beau coup de publicité et le Vatican qui verdit ainsi son image, ce qui en ses temps où il convient de suivre la mode verte est du pain béni. A quand une centrale hydraulique qui produit l’électricité avec les fontaines du Saint Siège ou un mini incinérateur de déchets dans le Saint-Siège ? Dans tous les cas, ceux qui ont réussi ce beau coup médiatique annoncent déjà une papamobile fonctionnant à l’électricité d’origine solaire. On va ainsi perpétrer l’illusion du mouvement perpétuel qui avait disparu avec l’émergence de la science de Galilée, Newton, Descartes et consort. Mais qui hélas revient en force aujourd’hui. Si le Vatican produit de l’électricité verte cela doit être faisable par tout un chacun se diront les braves pèlerins….



Comme l’explique Laurent Archer « À peine élu, Karol Wojtyla place son enseignement sous son inspiration. L'année suivante, en 1979, il le proclame patron céleste des écologistes. Son ‘respect authentique et sans réserve pour l'intégrité de la Création54’ est donné en exemple. En 1982, à l'occasion de la célébration du huitième centenaire de la naissance du Poverello, le Saint-Père n'hésite pas à évoquer publiquement les devoirs qui lient l'homme à la nature. ‘Les créatures et les éléments ne seront protégés de toute violation que dans la mesure où on les considérera comme des êtres à l'égard desquels l'homme est lié par des devoirs’ déclare-t-il alors. Peu à peu, nourri par la spiritualité du saint d'Assise, méditant sa vie et son œuvre, le pape s'exprime de plus en plus sur les dangers qui pèsent sur la Création ».[i]
Les Agendas 21
Nous recommandons aux églises d'adhérer à l'Agenda 21. […] Nous recommandons à la Conférence des Eglises européennes et au Conseil des conférences épiscopales d'Europe d'établir un réseau de responsables de l'environnement, avec lequel ils travailleraient en partenariat »[i]. »
De nouveau, les plus fervents écologistes ne pouvaient mieux espérer. Les églises demandent un changement profond de la société, fonctionnent en réseaux comme les ONG environnementales, mais comme le font les écolos s’intéressent aussi au niveau local et pas seulement national. Les Agendas 21 sont précisément un instrument puissant pour appliquer les concepts conçus dans les grandes instances internationales ; en sensibilisant les élus locaux on parvient à faire évoluer, changer et « verdir » les communes. D’autant plus que, puisqu’il y a souvent besoin d’élus écolos pour former des majorités dans les collectivités territoriales en Europe, il y a souvent l’un ou l’autre élus local écolo qui va devenir le promoteur de ce concept d’Agenda 21. C’est la base du concept de penser globalement et agir localement[1]. Sur base de l’Article 6[2] de la Convention sur le Changement climatique signée à Rio ouvre la porte à d’innombrables actions dans le domaine de l’éducation et de l’information. Les ONG trouvent ainsi une justification pour leurs innombrables actions. Notons au passage que ces organisations n’ont de compte à rendre à personne ; elles prétendent incarner le Bien ou le droit de l’homme, mais ils n’ont de compte à rendre qu’aux médias…
Puisque nous parlons des indiens d’Amérique et de leur respect de la nature nous allons faire une digression sur une affaire qui m’apparait comme symptomatique de la situation dans laquelle nous vivons. Si vous vous baladez sur Internet sur cette question de l’environnement vous allez trouver de très nombreux sites qui vont vous proposer un texte de 1854 attribué à un chef indien appelé Seattle de la tribu des Suquamish. Notons d’emblée qu’en France ce discours est présenté comme étant adressé par Seattle au Président des Etats-Unis, Stephen Grover Cleveland, mais aux Etats-Unis il est question d’Isaac Williams, le Gouverneur Territorial de Washington. Voici ce texte.
« Je suis un sauvage et je ne comprends aucune règle, j’ai vu mille bisons pourrir sur la prairie, abandonnés là par l’Homme Blanc qui les avait abattus au fusil par les fenêtres d’un train en marche. Je suis un sauvage et je ne comprends pas comment le cheval d’acier fumant peut être plus important qu’un bison que nous tuons, nous, que pour rester en vie, et seulement pour cela. Qu’est-ce que l’homme sans les animaux ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l’Homme mourrait d’une grande solitude de l’âme, car tout ce qui advient aux bêtes advient bientôt à l’homme. Toutes les choses sont liées. Il faut apprendre à nos enfants que la terre qu’ils fouleront est faite des cendres de nos grands-pères. Afin qu’ils respectent la terre, dites à vos enfants que le sol est riche des vies de notre peuple. Apprenez à vos enfants ce que nous avons toujours appris aux nôtres, que la terre est notre mère. Ce qui advient à la terre advient aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes. Nous savons ceci : la terre n’appartient pas à l’Homme mais l’Homme appartient à la terre, ceci, nous le savons. Toutes les choses dépendent les unes des autres comme liées par le sang qui unit une même famille. Toutes les choses sont liées. Ce qui advient à la terre advient aux fils de la terre. L’Homme n’a pas tissé la toile, il n’en est qu’un des brins. Les dégâts qu’il fait à la toile, c’est à lui-même qu’il les fait »[i].
Même un scientifique équilibré sur ces questions écologiques comme Jean-Marie Pelt – et chrétien me semble-t-il – diffuse cette histoire du chef peau rouge qui fustige les visages pâles[ii]. Mais il suffit d’approfondir la question pour s’apercevoir que ce fameux carnage des bisons est surtout colporté en Europe et moins aux Etats-Unis bien que pendant un temps cela ait été là aussi le cas. Ainsi, Al Gore, l’ex Vice-président des Etats-Unis en parle dans son livre « Earth in Balance: Ecology and the Human Spirit »[iii]. Et il précise que le chef indien dit : « Nous sommes sûrs d’une chose, notre Dieu est le même que le vôtre. La terre lui est précieuse et lui porter préjudice c’est ajouter du mépris à son Créateur ». Nous reviendrons sur les relations de cet homme politique influent et de sa relation à l’environnement et en particulier au changement climatique.
Il y a cependant un problème fondamental avec ce texte si largement diffusé et non soumis à la critique scientifique : les mots attribués à Seattle n’ont jamais été prononcés par lui ! Une analyse de son discours de 1 200 mots ne tient pas à la critique scientifique de William Abruzzi. En fait, toute cette sympathique histoire est un faux. Cela a été démontré et publié dans une revue scientifique[iv]. Cher lecteur, les questions du développement durable et des ses diverses composantes ont des implications sérieuses pour notre avenir et pour cela elles doivent être traitée avec sérieux, esprit critique et scientifique. Ne formez pas vos idées sur une question aussi déterminante pour l’avenir de vos petits-enfants et de l’Europe en général sur base de ce qui ce diffuse dans les blogs. Là vous y trouverez peu de science, beaucoup de banalités et de nombreux canulars. On aura l’occasion de voir d’autres exemples d’intoxications et de propagandes tout au long de cette enquête.
 Cuba, le bon modèle de développement ?
Dans le rapport « Living Planet 2006 », le WWF écrit que l'unique pays au monde à avoir adopté un modèle de développement durable est … Cuba[i] ; graphiques à l’appui, le WWF démontre que Cuba est le bon modèle, car il est le seul pays au monde qui a su limiter son empreinte écologique. Fidel Castro aurait-il trouvé le bon modèle ? Mais alors pourquoi tant de personnes veulent fuir ce régime ? Pourquoi personne ne veut y aller s’y installer ? Est-ce réellement cela le bon prototype du développement durable ? D’ailleurs ce modèle est tellement attirant que depuis 1992 et encore en 2008 Gloria La Riva se présente aux élections présidentielles américaines avec comme seul objectif de cette candidate d’encourager les Etats-Unis à adopter l’exemple de Cuba. Si WWF a raison, on se demande pourquoi les Etasuniens ont préféré Barak Obama à cette égérie. On pourrait aussi rester perplexe devant La Riva qui, voyant depuis 1992 que ses compatriotes ne veulent pas adopter le mode de vie et de développement cubain, s’évertue à rester dans ce pays où il fait si mal vivre. Mais pourquoi donc n’a-t-elle pas rejoint le pays où, selon elle et le WWF, le bon modèle de société est enfin trouvé.



[i] WWF, Living Planet Report 2006, http://assets.panda.org/downloads/living_planet_report.pdf



[i] Peltre, Fanny, Pierre Rabhi, écologie, agriculture et développement, Mémoire présenté à l’Université de droit, d’économie et des sciences d’Aix-Marseille, Institut d’études politiques, Aix en Provence, 2006
[ii] Pelt, Jean-Marie, Interview par Eddy Caekelbergh, Face à l’Info RTBF radio, 20 août 08
[iii] Gore, Al, Earth in Balance: Ecology and the Human Spirit, Boston : Houghton Mifflin, 1992
[iv] Abruzzi, William S, The Myth of Chief Seattle, Human Ecology Forum, Vol. 7, No. 1, 2000
 





[i] Barde, Jean-Philippe, Del Rey, Marie-José et Ribaut, Jean-Pierre, Développement durable et devenir de l'homme, un enjeu pour la paix, L’Harmattan, 2003, ISBN 2-7475-5061-3 





[i] Archer, Laurent, l’écologie humaine, Liberté politique n°30 – F.-X. de Guibert










[i] Rosett, Claudia, The U.N.’s Man of Mystery, Wall Street Journal, 11 octobre 2008, http://online.wsj.com/article/SB122368007369524679.html
[ii] Strong, Maurice, Sur le chemin de Rio 1992, in Meyer, Reinhold, Marks, Barbara (et al.), Développement et coopération, Bonn, N°5, 1991, p. 4-5
[iii] Strong, Maurice, The “new South”, World Today, London, vol.51, N°11, novembre 1995, P.215-219