jeudi 9 février 2012

Recension par Futur Ouest

http://www.futurouest.com/vars/fichiers/Revue_FuturWest/FuturWest-41.pdf

L’écologie se trouve aujourd’hui au cœur de la vie moderne : rencontres internationales ; politiques nationales, régionales ou locales ; stratégie d’entreprises ; consommation des ménages ; comportements individuels, même les plus intimes ... sans que l’on sache exactement se qui se cache sous ce vocable ou sous les concepts qui lui sont rattachés : environnementalisme, développement durable, principe de précaution, internalisation des coûts externes, changement climatique, décroissance ......
Pour donner un cadre à ses réflexions, l’auteur, dans son premier chapitre, apporte quelques précisions sur ces concepts. Observateur, voire acteur des grandes réunions internationales qui ont mis depuis une trentaine d’année le « sauvetage » de la Planète comme l’une des priorités de l’humanité, SF nous explique comment, touche par touche, avec parfois des tromperies intentionnelles « l’ONU nous entraîne donc, le plus souvent à notre insu vers une vénération de la nature et une soumission de l’homme à celle-ci. L’écologie, la sauvegarde des espèces animales et végétales doivent primer sur l’homme et ses activités. L’écologie devient la religion de l’ONU et l’opium d’une nouvelle génération pourtant composée d’individus de bonne foi. »
A cette vision du Monde, Samuele Furfari, en homme de foi, présente longuement la vision judéo-chrétienne selon laquelle « Dieu créateur du ciel et de la terre » a donné la terre à l’homme pour qu’il poursuive son acte de création.
 Au fil des siècles, les églises judéo-chrétiennes ont eu des difficultés à comprendre et à se situer face à la création telle qu’elle est enseignée par la Bible. SM, en érudit – il représente les églises protestantes évangéliques de Belgique – en parle longuement : Saint François d’Assises qui loue son Seigneur pour « Notre mère la Terre » ; Galilée et son approche scientifique, le protestantisme et son apport sur la soumission de la nature, le discours hésitant du Vatican vis-à-vis de l’environnement, les églises orthodoxes très enclines à se préoccuper de l’environnement ...etc...
 Il dresse un constat critique : « Certaines églises plus que d’autres ce sont ainsi embarquées dans le combat écologiste sans même se rendre compte de l’attelage disparate qu’elles allaient former avec ceux qui veulent tout simplement rendre désuet le judéo-christianisme.» On approche ici le cœur de la thèse de SF : la déesse Gaïa a pris la place de Dieu, l’homme doit lui être soumis. Des hommes d’église sont prêts à faire des sacrifices à la déesse et participent ainsi au complot (?) anti-judéo-christianisme. Il est donc nécessaire de bien comprendre les origines et les différents concepts du mouvement écologiste qui s’est développé sous des formes quelque peu différentes en Europe et aux USA.
 Le Robert donne la définition suivante du mot écologie « Etude des milieux où vivent et se reproduisent les êtres vivants ainsi que les rapports de ces êtres entre eux et avec le milieu. » L’écologie serait donc une science.
 Comme veut le montrer l’auteur, le mouvement écologique qui s’est développé à partir des années 1960 aux USA est davantage un mouvement « révolutionnaire » qu’une démarche scientifique.
 A travers les écrits, les déclarations de penseurs du mouvement, des intellectuels, voire des repentis de diverses ONG, Samuele Furfari présente sa thèse : l’écologie (la deep ecology) est une nouvelle religion avec ses dogmes, ses commandements, ses recommandations, ses sacrifices... et surtout sa vision panthéiste de la nature, le culte de la déesse Gaïa.
 Dans cette optique, le monde judéo-chrétien – et par extension le monde occidental – est le responsable de tous les maux dont souffre la Planète à travers le capitalisme, l’économie de marché, l’exploitation des ressources de la nature ... Il faut repenser la notion fondamentale de la pensée chrétienne d’une supériorité absolue de l’homme sur la nature. Il faut donc rejeter « l’axiome chrétien que la nature n’a pas d’autre raison d’exister que de servir l’homme. » S’il n’y a pas de « complot », pour ceux qui veulent bien ouvrir les yeux, il y a bien un projet, un plan spirituel : « La rupture programmée des valeurs judéo-chrétiennes de l’Occident. »
 Ouvrir les yeux ne permet pas toujours de voir ce que certains veulent dissimuler avec beaucoup de détermination. Le long chapitre sur le changement climatique est significatif à cet égard. Comment l’homme peut-il faire le tri entre la vérité scientifique, les affirmations gratuites, la pression médiatique voire la position de certaines autorités morales universellement reconnues ? => SF est très critique – à juste titre – envers l’IPCC (Giec) et envers le film d’Al Gore, et constate que de nombreux scientifiques critiques en matière de changement n’arrivent pas à se faire entendre.
 Face au projet de « l’écologie profonde », l’auteur interpelle le cœur de cible de son ouvrage, c’est-à-dire « les juifs et les chrétiens dont la foi se porte en un Dieu créateur » pour qu’ils prennent conscience des dangers inhérents au projet de rupture proposé de nos jours par le mouvement écologiste. L’enseignement de la Bible constitue, pour lui, un projet cohérent. « Le judéo-christianisme prône l’amour d’autrui et le respect de l’ensemble de la création. En ce sens, Dieu est écolo. » Aux chrétiens de se faire entendre.
 SF reprend cette proposition énoncée par Albert Camus : « Ce que le Monde attend des chrétiens est que les chrétiens parlent à haute et claire voix et qu’ils portent leur condamnation de telle façon que jamais un seul doute ne puisse se lever dans le cœur de l’homme le plus simple. » Spécialiste de l’énergie, l’auteur se permet de parler longuement de théologie. Il se défend d’être moralisateur mais tout au long de son livre il ne peut éviter d’être prédicateur pour une cause qu’il croit juste et essentielle : « La perte de vitesse du christianisme en Europe et le vide laissé par l’effondrement du communisme créent en effet un cadre idéal à une manipulation politico-religieuse de la « science » écologiste. » Il est plus que temps d’abandonner la religion de l’environnementalisme et de faire retour à la science de l’environnement.
 L’immense intérêt de l’essai de SF est de faire découvrir la partie cachée de l’iceberg « écologie » ; cette deep ecology qui en voulant faire de l’homme un intrus dans la nature conduit à un débat où se mêlent religion, morale, politique, science ...... Nous renvoyons aussi le lecteur à Jean de KERVASDOUE « Les prêcheurs de l’apocalypse », NDL parue dans FuturWest N°26, et à Bruno TERTRAIS « L’apocalypse n’est pas pour demain », NDL parue dans le présent numéro de FuturWest.

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